V. L’ENTREPRISE, ECONOMIE ET FINANCES
V. 19. Les principes des normes comptables IFRS
Géraldine VIAU-LARDENNOIS / Directrice générale de l’Autorité des normes comptables
Date de création : 03/11/2017Date de révision : 18/10/2023Après une transition sans heurts grâce à la formidable mobilisation de l’ensemble des parties prenantes, l’Europe est sans conteste, depuis 2005 et pour encore longtemps, le principal utilisateur des normes comptables internationales, dites « IFRS » (International Financing Reporting Standards). Au-delà des problématiques de mise en œuvre que suscite un tel référentiel basé sur des principes, il convient de garder à l’esprit que ce référentiel est en constante évolution.
En France, les IFRS sont obligatoires pour les comptes consolidés des sociétés cotées et optionnels pour ceux des sociétés non cotées.
Les sociétés françaises dont les titres sont admis à la négociation sur un marché réglementé, ainsi que celles dont seuls les titres de créances sont admis aux négociations sur un marché réglementé sont tenues d’établir et publier leurs comptes consolidés selon les normes IFRS (règlement CE 1606/2002 du 19 juillet 2002).
Cette obligation ne concerne pas les comptes sociaux ou individuels des sociétés françaises qui restent placés sous le régime des normes comptables françaises (Plan comptable général – PCG), lequel s’inscrit dans le cadre comptable européen. Il peut être noté que le PCG a évolué, en adoptant certaines orientations des normes IFRS, sans toutefois altérer les différences fondamentales entre les approches propres à ces deux référentiels.
Donc les normes internationales sont utilisées par les sociétés cotées, qui ont choisi de se financer sur les marchés financiers et adoptent le langage comptable conçu dans cette perspective.
Ainsi, il ne semble pas approprié d’appliquer les IFRS aux petites et moyennes entreprises, qui ne se financent pas sur les marchés financiers et s’inscrivent plutôt dans des perspectives de plus long terme. Surtout, les IFRS ne permettent pas la connexion séculaire de la comptabilité et du droit, inscrites dans les normes comptables européennes qui reposent sur des approches plus prudentes de la mesure de la performance, excluant notamment tous les éléments non réalisés. C’est pourquoi les normes IFRS sont réservées aux comptes consolidés, « économiques », des sociétés cotées.
Les grands principes des IFRS
Publiés dans un volume de plus de 2 500 pages, il serait bien présomptueux de résumer en quelques lignes les grands principes des normes IFRS.
Toutefois quelques-uns méritent d’être cités :
• L’investisseur est consacré comme principal utilisateur des comptes, et les états financiers servent principalement à donner une valeur financière de l’entreprise à un instant donné, par opposition à une approche de performance de l’entreprise dans la durée, mesurée au travers du compte de résultat.
• La primauté du bilan sur le compte de résultat, les charges et produits étant considérés comme résultant des variations des actifs et des passifs, certaines de ces variations étant cependant directement enregistrées en capitaux propres, tout en étant considérées comme faisant partie d’un résultat global (« comprehensive income »).
• La prédominance de la substance sur la forme (« substance over form »), l’analyse de la substance économique devant surpasser la forme notamment juridique afin de prévenir les risques de « structuration » des transactions qui aurait pour objectif de maximiser le bénéfice comptable en retenant un traitement comptable plutôt qu’un autre.
• Une consolidation reposant sur la notion de contrôle effectif et les « risques et avantages » d’une implication dans une autre entité, afin d’inclure non seulement les filiales mais encore des entités ad hoc dans le périmètre de consolidation du groupe.
• L’utilisation plus étendue de la notion de juste valeur (« fair value ») consistant à évaluer des actifs à leur valeur de marché (sur une échelle allant de la référence directe au cours de Bourse « marked-to-market », jusqu’à des valeurs calculées à partir de modèles mathématiques « marked-to-model », en l’absence de marché pour les éléments devant être valorisés).
• Le non-amortissement des écarts d’acquisition, soumis en contrepartie à un test de perte de valeur (dit « test d’impairment ») annuel.
Un référentiel en constante évolution
L’IASB (International Accounting Standards Board) a entrepris depuis 2005 un très vaste programme de révision de son référentiel, essentiellement guidé initialement par une volonté de convergence avec le référentiel comptable des Etats-Unis. Il est à noter que les Etats Unis se sont retirés de ces projets conjoints.
Ainsi, les différents projets portent sur la quasi-totalité des éléments des états financiers.
En particulier, des normes importantes ont été publiées en depuis 2015 :
- En 2015, (IFRS 15) relative à la comptabilisation du chiffre d’affaires et (IFRS 9) portant sur les instruments financiers, entrées en application au 1er janvier 2018,
- En 2016, (IFRS 16) relative aux contrats de location publiée en 2016 entrée en vigueur au 1er janvier 2019,
- En 2018, le Cadre conceptuel,
- En 2020, IFRS 17 relative aux contrats d’assurance, cette norme applicable à compter du 1er janvier 2023 a fait l’objet d’un aménagement lors de son adoption en Europe
L’IASB finalise un projet de norme relative à la présentation des états financiers, cette norme devrait être publiée début 2024.
Ces dernières années, l’IASB a engagé, un process de revue des normes récemment publiées- Post Implementation Review PIR IFRS 9 et IFRS 15- afin de déterminer si ces normes répondent aux objectifs attendus. A partir des commentaires reçus dans le cadre de ces revues, l’IASB peut envisager de nouveaux travaux normatifs.
Parallèlement, le Comité d’interprétation des normes internationales – IFRS-IC- publie, en réponse à des questions soulevés par les parties prenantes, des Agenda Decisions. Ces dernières jouent aujourd’hui un rôle déterminant dans l’application homogène des normes et peuvent parfois remettre en cause des pratiques comptables établies de longue date. La jurisprudence comptable que ces décisions instituent doit donc être scrutée afin de s’assurer qu’elles se contentent de décliner les principes inclus dans les normes existantes et que l’absence de dispositions spécifiques dans les normes existantes soit résolue par des actions de normalisation comptable en bonne et due forme.
REMARQUES IMPORTANTES SUR L’APPLICATION DE L’IFRS 9 DANS LE CONTEXTE DE LA CRISE ECONOMIQUE SUITE A L’EPIDEMIE DU COVID 19
L’IFRS 9 conduit à provisionner des pertes sur crédit selon le principe du risque attendu (expected loss) dès lors qu’une dégradation est observée dans la qualité de crédit de l’emprunteur et non plus en fonction du risque matérialisé. Ceci concerne en particulier les banques et peut entrainer une dégradation rapide de leurs bilans et, par répercussion, de leur capacité à prêter à défaut d’une recapitalisation. La crise économique brutale générée par le COVID 19 est de nature à générer très vite une telle situation.
C’est pourquoi les régulateurs bancaires ont aussitôt invité les banques à considérer les contraintes de liquidité temporaire des emprunteurs comme des non facteurs d’augmentation des risques, ainsi qu’à prendre en compte positivement les garanties d’encours apportées par l’Etat. Il n’en reste pas moins qu’au-delà de ces éléments de court terme, les risques de défaillance des emprunteurs devraient globalement augmenter et par répercussion entraîner des dégradations dans les bilans bancaires. Les sociétés françaises devront présenter dans leurs états financiers les informations nécessaires pour comprendre les expositions et les impacts liés au COVID 19.
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Quels sont les impacts en matière d’actionnariat salarié ?
Les transactions avec un actionnaire salarié sont traitées de la même manière que des transactions avec un actionnaire non-salarié, lorsque le salarié agit simplement en tant qu’actionnaire (souscription d’actions, etc.). Ces transactions sont enregistrées directement dans les capitaux propres sans impact sur le compte de résultat de l’entreprise.
En revanche, la norme IFRS 2 précise le traitement des rémunérations sous forme d’actions ou d’instruments financiers dont la valeur est liée à des actions, notamment lorsque les salariés en sont les bénéficiaires (attribution de stock-options ou d’actions gratuites, …). L’avantage ainsi consenti aux salariés (par exemple sous forme de décote du prix de souscription d’actions) en contrepartie de leur travail (généralement sur une certaine durée) ou de leurs performances est alors inscrit en charges d’exploitation, afin de faire apparaître le coût de cette rémunération dans le compte de résultat de l’entreprise, quand bien même le paiement est fait sous forme d’actions.
L’évaluation de ce type de rémunérations se fait selon des formules de calcul parfois complexes. Ainsi, le modèle d’évaluation de Black and Scholes très utilisé pour évaluer les instruments financiers à caractère optionnel, et notamment les stock-options, sur la base de comportement financier rationnels, fait l’objet d’un certain nombre de critiques quant à sa pertinence pour l’évaluation des avantages consentis aux salariés, dont le comportement attendu est souvent difficile à traduire dans des formules mathématiques.
Par ailleurs, les plans de rémunération sous forme d’actions des salariés sont souvent eux-mêmes assez complexes, avec des dispositions spécifiques en matière d’attribution et de mise à disposition effective des actions octroyées. Cela génère généralement un certain nombre de questions techniques sur la manière d’appliquer la norme IFRS 2 à ces plans de rémunérations. e rémunération, notamment pour certains agents travaillant dans des établissements de crédit, afin de mieux faire correspondre ces rémunérations avec la performance effective de ces salariés sur le long terme.
V. 20. Lire un bilan
Philippe BERNHEIM et Bernard CASTANIER / Anciens administrateurs de l’AASGO (Association Actionnariat Salarié du Groupe Orange)
Date de création : 24/10/2017Date de révision : 30/03/2020Mars 2020
Comment lire un bilan ?
Il comporte deux parties, dont l’une est en quelque sorte la contrepartie de l’autre : l’actif et le passif.
L’ACTIF
Il décrit ce qui appartient à l’entreprise.
On distingue l’actif immobilisé et l’actif circulant.
L’actif immobilisé
On y trouve le patrimoine de l’entreprise :
- les « immobilisations incorporelles », avec notamment les brevets, les marques amortissables, les quotas de gaz à effet de serre
- les immobilisations « corporelles » : équipements, terrains et immeubles
- les immobilisations financières, typiquement les actions que possède l’entreprise dans ses filiales et ses participations (sociétés qu’elle ne contrôle pas, mais dont elle possède des actions susceptibles de lui procurer des dividendes).
Sauf pour certaines exceptions, les immobilisations s’amortissent, c’est-à-dire que, chaque année, chacun des éléments pris en compte (équipement, bâtiment…) est susceptible de perdre une partie de sa valeur suivant un rythme forfaitaire fixé par des règles fiscales. Cela donne donc une valeur nette qui baisse chaque année (valeur initiale, dite « historique », moins somme des amortissements déjà effectués). Une alternative consiste à ajuster s’il y a lieu chaque année la valeur initiale, si celle-ci ne correspond plus à la valeur estimée en cas de cession.
Avec les normes comptables IFRS, la valeur des participations donnant une influence significative dans une société et, en tout cas la valeur de celles à plus de 20 %, doit être estimée chaque année et, s’il y a lieu, être réajustée.
L’actif circulant
Il regroupe ce qui appartient à l’entreprise dans le cadre de ses activités de production : stocks, créances (essentiellement sur ses clients), ainsi que la trésorerie.
LE PASSIF
Il regroupe les dettes de l’entreprise en partant de celles à la plus longue échéance.
On distingue successivement les capitaux propres, les dettes à long terme, les dettes à court terme.
Les capitaux propres
Ce sont des dettes envers les actionnaires, qui ne sont exigibles qu’à l’expiration de la société.
On y trouve :
- le capital, à sa valeur nominale (valeur théorique de chaque action composant le capital multipliée par le nombre d’actions émises)
- les primes d’émission (résultant de la différence entre le prix payé à la souscription des actions et la valeur théorique de ces actions prise en compte dans le capital)
- les réserves (partie des bénéfices nets annuels après impôt qui n’a pas été distribuée aux actionnaires sous forme de dividendes).
N.B. : Dans les bilans consolidés au niveau Groupe, on voit apparaître une ligne « intérêts minoritaires ». Cela vient du fait qu’une société consolide à 100 % les actifs des filiales qu’elle contrôle. En contrepartie, elle doit alors inscrire en dette la quote-part revenant aux actionnaires minoritaires de ces filiales.
Dans certains bilans, on trouve en outre des « Fonds non remboursables et assimilés », qui correspondent à des titres de dette non remboursables avant l’expiration de la société ou remboursables en actions, tels que les titres « subordonnés » ou « super subordonnés ».
Les dettes à long terme
Il s’agit d’abord des obligations, titres en général négociables remis aux créanciers, qui portent intérêt à un taux fixe ou variable ; leur échéance est fixée dès l’émission.
Il s’y ajoute des dettes à long ou moyen terme auprès de banques ou de créanciers divers (par exemple des certificats de valeur garantie), des provisions concernant les actifs immobilisés ou des engagements à long terme (tels que les engagements provisionnés liés à un plan social).
Les dettes à court terme
Elles sont liées à l’exploitation courante : dettes envers les fournisseurs, prêts bancaires à court terme et découverts bancaires, provisions autres que celles relatives aux actifs immobilisés (litiges, risques de pertes de change, provisions pour indemnités de départ du personnel…), les produits constatés d’avance du fait que l’entreprise a déjà facturé des prestations qu’elle doit, mais n’a pas encore réalisées (par exemple des abonnements payés d’avance par les clients).
Un bilan donne la situation de l’entreprise à la clôture de l’exercice. Il permet des comparaisons d’une année sur l’autre, ainsi que le calcul de ratios caractéristiques de la situation financière de l’entreprise
Structure d’un bilan
ACTIF
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PASSIF
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Immobilisations
– incorporelles
– corporelles
– financières |
Capitaux propres
– capital social
– primes d’émission
– réserves |
Actifs circulants
– stocks
– créances sur les clients
– trésorerie |
Dettes
– dettes à long terme
– dettes à court terme |
A savoir par les actionnaires des entreprises multinationales…
Les résultats et le cours de bourse peuvent chuter :
- si l’entreprise doit déprécier des « goodwills », c’est-à-dire les surprix payés pour l’acquisition de filiales par rapport à leur valeur comptable au bilan
- si l’entreprise, pour respecter ses engagements, doit renflouer le fonds de pension en difficultés d’une filiale étrangère
- si des investissements doivent être dépréciés parce qu’ils s’avèrent sous-utilisés faute de demande suffisante des biens qu’ils servent à produire ou sont rendus obsolètes par des produits concurrents ou substituables.
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V. 21. Lire un compte de résultat
Philippe BERNHEIM et Bernard CASTANIER / Anciens administrateurs de l’AASGO (Association Actionnariat Salarié du Groupe Orange)
Date de création : 24/10/2017Date de révision : 14/08/2023Décembre 2017
Le compte de résultat retrace l’activité annuelle de l’entreprise. En comparant ses éléments sur plusieurs années, on peut analyser l’évolution des performances de l’entreprise et notamment sa croissance
Le compte de résultat se présente sous la forme d’une chaîne de soldes comptables :
- la marge brute opérationnelle
- le résultat d’exploitation
- le résultat financier
- le résultat net.
La marge brute opérationnelle (MBO)
Elle mesure ce que l’entreprise a gagné (ou perdu) comme argent dans ses activités productives. Son évolution, en hausse ou en baisse, traduit l’amélioration ou la dégradation des performances opérationnelles (inflation comprise puisque la MBO est en euros courants et non constants)
C’est le solde des recettes et des dépenses. On y trouve donc le chiffre d’affaires, dont on soustrait, d’une part, les achats externes (achats de biens ou de services auprès de fournisseurs) et, d’autre part, les charges de personnel (salaires et charges sociales).
A noter que la MBO, premier solde intermédiaire de gestion, n’est pas définie par les normes comptables ; on peut dès lors constater des différences de contenu d’une entreprise à une autre et l’analyste doit prêter attention aux précisions données par l’entreprise sur son mode de calcul.
Le résultat d’exploitation
Si la MBO reflète l’activité productive, le résultat d’exploitation prend en compte l’ensemble des éléments opérationnels de l’exercice, hors opérations financières. Il reflète donc la performance globale de la gestion (hors finances) pendant l’exercice considéré.
Pour arriver au résultat d’exploitation, on part de la marge brute opérationnelle. On y ajoute le produit des cessions d’actifs opérées. On déduit la dotation aux amortissements opérés pendant l’exercice sur les immobilisations figurant au bilan (cf. fiche n°21) les provisions nouvelles pour risques de pertes ou de charges, le coût des restructurations, la participation des salariés aux résultats, ainsi que la valeur comptable des actions qui leur sont attribuées gratuitement (ou de la décote sur le prix des actions achetées ou souscrites par eux).
Le résultat financier
Il mesure l’impact des opérations financières sur le résultat de l’exercice.
Les produits financiers sont les produits des participations dans d’autres sociétés (dividendes perçus), les produits de placements financiers opérés (rémunération du placement de la trésorerie notamment), les reprises de provisions imputées lors d’exercices précédents si le risque correspondant a disparu, les gains de change sur les opérations en devises.
Les charges financières comprennent le coût global de l’endettement financier net (solde des remboursements et des emprunts nouveaux, intérêts versés aux créanciers au titre de la dette financière), les pertes de change sur devises.
Le résultat net
Il est la mesure du gain (bénéfice) ou de la perte résultant des activités de l’exercice. S’il y a bénéfice, celui-ci est à disposition des actionnaires qui doivent statuer lors de l’assemblée générale sur son affectation.
Pour le calculer, on part du résultat d’exploitation ; on y ajoute le résultat financier (positif ou négatif), le solde de produits et charges exceptionnels et on déduit l’impôt sur les sociétés, qui est la part du « bénéfice avant impôt » qui revient à l’Etat.
Dans le cas d’un compte consolidé, qui inclut l’intégralité des résultats de sociétés dans lesquelles des tiers ont une participation, donc des droits sur les résultats, il convient de calculer ce qui leur revient au prorata de leur participation dans le capital des filiales considérées et de déduire le montant obtenu pour déterminer le résultat net revenant aux actionnaires de la société.
Le résultat net est inscrit au passif du bilan, après décision des actionnaires en assemblée générale sur le paiement ou non d’un dividende ; le solde du résultat vient augmenter (résultat positif diminué du montant des dividendes versés) ou diminuer (cas d’une perte) le poste « réserves ». Si le résultat net positif est entièrement distribué, il n’y a donc pas de répercussion sur les réserves.
Structure d’un compte d’exploitation
Chiffre d’affaires
-Frais de personnel
-Achats externes
= Marge brute d’exploitation (MBO)
+Produits de cession d’actifs non financiers
-Dotation aux amortissements
-Dotation aux provisions pour risques et pertes
-Frais de restructuration
-Participation des salariés aux résultats de l’entreprise
-Coût de la rémunération des salariés en actions
= Résultat d’exploitation
+Produits financiers (intérêts et dividendes reçus)
+Reprises de provisions
+Gains de change
-Coût de l’endettement financier (remboursement net d’emprunts, intérêts de la dette)
-Provisions sur titres de participation
-Pertes de change
(= Résultat financier)
+ Résultat exceptionnel (positif ou négatif)
-Impôt sur les sociétés
= Résultat net (bénéfice ou perte)
-Intérêts minoritaires (le cas échéant)
=Résultat net revenant aux actionnaires |
A savoir…
Le résultat consolidé d’un groupe fortement internationalisé peut être lourdement influencé par les fluctuations monétaires dont l’impact immédiat porte sur le chiffre d’affaires, la valeur des actifs, etc. Ces fluctuations, même si des instruments financiers permettent de les atténuer, peuvent générer de lourdes pertes de change, notamment dans les transferts financiers et les remboursements d’emprunts.
V. 22. La trésorerie d’une entreprise
Philippe BERNHEIM et Bernard CASTANIER / Anciens administrateurs de l’AASGO (1)
Date de création : 24/10/2017Date de révision : 04/07/2023Juillet 2023
On peut définir la trésorerie d’une entreprise comme l’ensemble des disponibilités dont elle dispose en caisse ou sur des comptes bancaires à un moment donné. A ces disponibilités s’ajoutent ce que l’on nomme les « quasi-disponibilités », qui sont essentiellement des fonds déposés momentanément sur des SICAV de trésorerie, pratiquement disponibles sans délai.
Comment l’entreprise constitue sa trésorerie ?
On distingue deux périodes, lors de sa création et lors de son fonctionnement courant.
1) Lors de sa création
L’entreprise en projet émet des parts sociales ou des actions qui sont achetées par des associés ou des actionnaires. Ces parts valorisées globalement constitueront ses fonds propres initiaux. Ces premiers fonds apportés peuvent être complétés de sommes empruntées aux banques et établissements financiers.
Avec ces premiers apports, l’entreprise pourra commencer à fonctionner, pour produire et vendre.
2) Lors de son fonctionnement courant
Les opérations qui entraînent une modification du niveau de trésorerie sont les recettes et les dépenses.
Les recettes proviennent essentiellement de la vente de biens et services produits, mais aussi d’emprunts et crédits bancaires. D’autres recettes de trésorerie, plus exceptionnelles, peuvent provenir de la vente d’actifs détenus, telles que la vente partielle ou totale de filiales, mais aussi de la vente de licences et brevets, voire d’augmentations de capital par émission de nouvelles parts sociales ou actions.
Les dépenses de trésorerie peuvent être classées en deux catégories :
Les dépenses globales d’exploitation qui ont trait à la gestion courante : achat de matières premières, de services, location de locaux et matériels, mais aussi paiement des salaires et charges sociales. On classera dans ce type de dépenses le paiement des impôts et taxes, ainsi que les frais financiers induits par les emprunts bancaires.
Les dépenses de financement liées à l’achat d’immobilisations ou biens de production et autres licences et brevets, mais aussi aux remboursements des emprunts et à la rémunération du capital sous la forme de dividendes payés aux actionnaires.
On notera que la trésorerie générée par le fonctionnement de l’entreprise est égale à la somme du résultat net, des amortissements et des diverses provisions. Ces amortissements et provisions inscrits en charges au compte de résultat sont destinés à couvrir des dépréciations d’actifs ou à la prise en charge de risques potentiels ; ils viennent en diminution du résultat, mais ne constituent pas des dépenses réelles immédiates.
La gestion de la trésorerie est un élément fondamental et prioritaire de la gestion d’une entreprise. Le manque de trésorerie est une des causes les plus fréquentes de la disparition des entreprises, qui peuvent être en péril si, à tout moment, elles ne sont pas en mesure d’honorer leurs dettes.
Les analystes financiers et les agences de notation font de la trésorerie un des critères prioritaires d’appréciation de la capacité d’une entreprise à faire face à ses échéances, à s’autofinancer et à rémunérer son capital. Un des indicateurs importants est celui de l’évolution de la trésorerie disponible (free cash flow), c’est à dire de la trésorerie restant après paiement des dépenses globales d’exploitation. Cette trésorerie disponible permet en effet d’investir en achetant des biens de production (« immobilisations »), de rembourser les emprunts contractés et de rémunérer le capital. Ce free cash flow permet d’évaluer les capacités de développement propres de l’entreprise et plus globalement ses marges de manœuvre quant à sa stratégie future.
(1) Association Actionnariat Salarié du Groupe Orange
V. 23. Déterminer la valeur d’une entreprise
Philippe BERNHEIM
Date de création : 24/10/2017Date de révision : 20/10/2023Décembre 2017
Ce que vaut une entreprise est une information essentielle pour celui qui envisage de l’acquérir, ou simplement de prendre une participation dans son capital(1).
Comme pour tout bien, cette valeur repose sur une estimation et celle-ci pourra être différente suivant les investisseurs, leurs préoccupations, l’intérêt qu’ils portent aux différentes activités. De plus, elle variera logiquement dans le temps en fonction de l’évolution des résultats, des perspectives, des actifs et des dettes contractées.
L’investisseur fera en effet l’acquisition de tout ou partie du patrimoine de l’entreprise, mais aussi de tout ou partie de ses engagements financiers (dettes).
En conséquence, toute évaluation de l’entreprise s’appuiera sur des éléments chiffrés, tirés de son bilan (voir fiche n°19), de son compte de résultats (voir fiche n°20), de son carnet de commandes. Mais l’avenir pour un acquéreur ayant davantage d’importance que le passé, d’autres éléments pourront être intégrés à l’évaluation, alors même qu’ils sont incertains (recettes attendues d’un produit nouveau ou en développement, ou bien inversement risque d’obsolescence des équipements ou de produits commercialisés, du fait de l’arrivée de techniques nouvelles ou de produits concurrents)
C’est donc une synthèse d’éléments multiples que l’investisseur devra effectuer, et cela dépendra de son horizon de placement, de sa stratégie pour l’entreprise, voire simplement de ses objectifs de rentabilité.
Les méthodes d’évaluation
Plusieurs méthodes sont utilisées, présentant chacune des avantages, mais aussi des limites. L’investisseur sera donc souvent amené à en combiner plusieurs et à les pondérer en fonction de ses critères et objectifs personnels.
La méthode de l’actif net
C’est la plus simple, s’appuyant sur le bilan de l’entreprise, en déduisant les dettes de l’actif comptable. Elle est fréquemment utilisée dans les entreprises non cotées pour déterminer la valeur des actions cédées aux salariés.
Comme toute photo prise à un instant donné, elle présente deux inconvénients :
- Les valeurs comptables peuvent masquer des plus ou moins values latentes ou potentielles. (2)
- Surtout elle ignore les perspectives de l’entreprise, les marchés qu’elle paraît susceptible de conquérir ou de perdre, les investissements qu’elle devra réaliser pour rester compétitive, les risques « pays » ou de change au-delà de provisions déjà constituées, les conséquences des variations des taux d’intérêt sur la charge de la dette.
Ceci explique la fréquente utilisation de correctifs pour aboutir à un actif net corrigé ou réévalué.
La méthode des cash flows actualisés (DCF (3))
Elle repose sur l’idée qu’un investisseur cherche à savoir ce que son acquisition pourra lui rapporter au fil du temps, en monnaie d’aujourd’hui.
Cela lui permettra de mesurer le rendement attendu et, s’il le souhaite, de comparer celui-ci avec celui d’autres formes d’investissement et de placement.
Pour cela il évaluera les flux de trésorerie (cash flows) prévisibles au fil des années. Dans un premier temps, il évaluera les cash flows opérationnels (produit des ventes diminués de tous les coûts associés à ces ventes). Dans un deuxième temps, pour arriver au flux de trésorerie net, il déduira les investissements nécessaires au maintien et au développement de l’entreprise.
Dans un troisième temps, il actualisera chacun des cash flows nets en choisissant un taux d’actualisation, qui fera des euros gagnés de chacune des années à venir des euros d’aujourd’hui ; ce taux correspond au coût moyen anticipé du capital et prend donc en compte les taux de rémunération des actionnaires et des prêteurs ; il est donc sensible à leur niveau d’aversion au risque et aux risques auxquels l’entreprise est exposée dans ses activités (fonction du secteur, de la taille, de la présence significative dans certains pays…). La valeur déterminée à l’aide d’un tableur résultera de la somme des cash flows actualisés.
La méthode est de ce fait complexe dans son utilisation. Elle repose sur le choix et la valorisation de multiples paramètres. Il s’agit notamment du taux de croissance, qui peut non seulement ne pas être linéaire, mais encore être différent suivant les activités. Les incertitudes sont en général si importantes que plusieurs scénarios plus ou moins optimistes sont souvent envisagés, donnant des résultats substantiellement différents.
La méthode des multiples (ou des comparables)
On part de l’idée que la valeur d’une entreprise n’a pas de raison d’être différente, au même moment, de celle d’une entreprise similaire. Si précisément une entreprise comparable a été vendue, le prix de cession pourra servir de référence.
Bien entendu aucune entreprise ne ressemble complètement à une autre, par ses activités, ses performances, ses perspectives. On utilisera donc ce qui peut servir d’éléments de comparaison : chiffre d’affaires, résultat d’exploitation et marge opérationnelle, dette nette et, particulièrement, les bénéfices connus et ceux anticipés pour les prochaines années. On éliminera les éléments exceptionnels, et on retraitera les données utilisées des éléments de nature à fausser les comparaisons (goodwills, participation des salariés, intérêts minoritaires, déficits fiscaux reportables…). On regardera les multiples utilisés lors des transactions de référence : x fois le chiffre d’affaires, y fois les bénéfices, etc. Si la référence est une entreprise cotée en bourse, on regardera la valorisation par le marché du bénéfice à travers le ratio cours/bénéfice, le « PER » (4). Il faudra également estimer la valeur d’éléments très importants dans certains secteurs, mais qui sont particulièrement difficiles à valoriser : brevets, marques, logiciels, surtout s’ils sont nouveaux (5).
Il en découlera une estimation pour l’entreprise, directement, ou après agrégation des valeurs estimées de ses différentes activités.
La méthode est assez simple dans son principe et peut permettre d’éviter de surpayer une entreprise par rapport au marché. Par contre, ne comparant que ce qui peut l’être, elle ne permet pas sans correctifs souvent importants de prendre en compte des éléments spécifiques à l’entreprise et qui peuvent être déterminants pour son avenir, positivement ou négativement. De plus, elle ne sera fiable que si les entreprises mises en comparaison ont été judicieusement choisies et les transactions de référence réellement significatives.
Les ratios à comparer prioritairement peuvent en outre être différents suivant la nature des activités. Par exemple, dans le secteur bancaire, on s’intéressera particulièrement à la rentabilité des fonds propres, tandis que dans le secteur de la distribution, on analysera la corrélation entre un multiple du chiffre d’affaires et le taux de croissance moyen annuel sur la période faisant l’objet de prévisions.
De la valeur au prix
La valeur correspond à une estimation et celle-ci résultera souvent d’une synthèse des résultats calculés suivant plusieurs approches. Et ce n’est pas forcément le prix qui sera retenu pour la cession de tout ou partie des actions de la société.
D’une part, ce prix, même s’il prend en compte la valeur estimée (ou une des valeurs estimées), résultera souvent d’une négociation où les arguments sur les critères utilisés, ainsi que le business plan pour le développement, pourront être âprement discutés.
D’autre part, le prix prendra souvent en compte des éléments extracomptables, notamment la prime de contrôle, lorsque l’acquéreur pourra obtenir la majorité des actions, lui permettant de mettre en œuvre sa stratégie. La difficulté à obtenir la majorité des deux tiers, du fait d’actionnaires minoritaires empêchant les opérations sur le capital, pourra par contre faire baisser le prix offert aux autres actionnaires (6).
Valeur et bourse
La bourse est le lieu (en général virtuel) où se forme et évolue le prix des actions de sociétés qui ont choisi de faire coter tout ou partie de leurs actions. Le prix y est le résultat de la confrontation de l’offre et de la demande.
Il ne correspond pas à une valeur intrinsèque de l’action, part du capital de l’entreprise (7). Cependant, les sociétés cotées font l’objet de nombreuses études et analyses, notamment de la part des analystes financiers qui suivent régulièrement les entreprises cotées d’un secteur. Leurs opinions sur les possibilités de valorisation, qui ne sont pas toujours convergentes, exercent une réelle influence sur les décisions des investisseurs et par répercussion sur les cours des actions. Par effet de la méthode des comparables, on observe aussi que l’annonce des résultats d’une société d’un secteur influence les cours d’autres sociétés actives dans le même secteur, alors même que leurs résultats ne sont pas encore connus.
(1) Cette évaluation peut aussi être un impératif pour l’entrepreneur qui veut céder sa société, ou bien pour une société confrontée à la nécessité de céder une partie de ses activités.
(2) Par exemple, l’évaluation d’un immeuble peut ne pas correspondre au prix auquel il pourrait être effectivement vendu, ou bien certains équipements de production peuvent être menacés d’obsolescence du fait de l’arrivée de techniques plus performantes. L’utilité économique d’une filiale bien intégrée à un processus de production risque de diminuer si elle est considérée isolément (perte de synergies).
Quant aux instruments financiers, ils sont en règle générale estimés à leur juste valeur (normes IFRS) ; or celle-ci est fluctuante voire, dans certaines situations, indéterminable faute de transactions. La valeur des options sera déterminée à l’aide des tables de Black & Scholes.
(3) DCF : Discounted cash flows
(4) PER : Price Earning Ratio
(5) Plusieurs méthodes sont utilisées dans ce cas pour estimer puis actualiser les revenus futurs générés. On signalera celle des « cash flow incrémentaux » qui se rapproche sur ce type d’actifs de celle des cash flows actualisés.
(6) Un actionnaire salarié dans le cadre du PEE ne doit pas oublier lors d’une souscription qu’il a une contrainte de conservation (en principe de 5 ans), ce qui justifie une décote.
(7) On le perçoit bien lors d’une OPA où celui qui la lance propose en général un prix supérieur au cours du moment, parce qu’il estime la valeur de l’entreprise qu’il envisage de contrôler supérieure à la capitalisation boursière (cours multiplié par le nombre d’actions existantes).
V. 24. Les principaux indicateurs
Philippe BERNHEIM
Date de création : 24/10/2017Date de révision : 20/10/2023Décembre 2017
L’investisseur, mais aussi le gestionnaire dans l’entreprise, doivent pouvoir se faire une opinion sur les performances réalisées, ainsi que sur leur évolution dans le temps. Le cas échéant ils feront des comparaisons avec les résultats obtenus par d’autres entreprises, afin de faire des choix d’acquisition pour le premier, ou pour le second de s’interroger sur les moyens de faire au moins aussi bien que les concurrents.
Les comptes de l’entreprise, avec les explications détaillées sur les différents postes, constituent une mine d’informations (1). Mais celle-ci est trop riche pour se faire immédiatement une idée d’ensemble sur la situation de l’entreprise. Il faut donc extraire certaines données significatives, procéder à des rapprochements, mesurer des indicateurs significatifs des performances de la gestion et de l’appréciation des marchés financiers.
Les indicateurs, qui doivent être examinés à la lumière de facteurs explicatifs, visent à apprécier :
- L’évolution des activités
- La rentabilité de l’exploitation
- La solidité financière
- La capacité financière
- La performance boursière (actions cotées).
1/L’évolution des activités
Elle est mesurée à travers le chiffre d’affaires qui mesure les ventes réalisées par l’entreprise.
Cependant, si celui-ci permet de comparer la taille des activités avec celle d’autres entreprises, son évolution ne peut être appréciée qu’en prenant en compte :
- d’éventuelles modifications dans le périmètre des activités de l’entreprise, laquelle a pu faire des acquisitions ou bien procéder à des cessions
- les effets de changements des parités monétaires, dans le cas d’entreprises réalisant une partie de leur chiffre d’affaires dans des pays utilisant une autre monnaie.
C’est pourquoi on analysera l’évolution du volume des ventes à partir du chiffre d’affaires à périmètre constant et hors effets de change. Il est en général communiqué par les grandes sociétés cotées.
Mais le chiffre d’affaires n’intégrant pas le coût des ventes, il ne permet pas de savoir si l’entreprise gagne plus d’argent en vendant davantage de biens et de services. Il est donc nécessaire d’examiner la rentabilité de l’exploitation.
2/La rentabilité de l’exploitation
Son étude part de la marge brute d’exploitation (MBO), appelée aussi excédent brut d’exploitation (EBE), qui mesure ce que l’entreprise a gagné ou perdu dans ses activités productives. Son évolution, à périmètre constant, permet de savoir si l’entreprise a davantage gagné d’argent en vendant des biens ou des services, ou bien a vu sa marge se réduire, du fait de plusieurs facteurs possibles : hausse des coûts de production (salaires, matières premières, produits semis finis qu’elle a dû acheter), baisse de ses prix de vente, changements dans les parités monétaires. L’évolution de la MBO doit toujours être analysée pour comprendre sa signification réelle pour la situation de l’entreprise.
Mais pour savoir si la production est rentable, il convient ensuite de prendre en compte :
- d’une part ce que l’entreprise doit mettre en réserve pour assurer la pérennité de ses activités productives (amortissements) et intéresser son personnel aux résultats, ou risque de dépenser du fait de la concrétisation de certains risques, ou encore risque de ne pas recouvrer si certains clients font un défaut de paiement (provisions pour risques et pertes),
- d’autre part les recettes tirées de la vente d’équipements de production qu’elle n’utilise plus, ainsi que les reprises de provisions s’avérant inutiles.
On aboutit alors au résultat d’exploitation.
Le ratio résultat d’exploitation/chiffre d’affaires est donc la mesure de l’efficacité des activités productives. On s’intéressera tout particulièrement à son évolution dans le temps, ainsi qu’aux prévisions pour la période à venir.
Si le résultat d’exploitation mesure la capacité à générer de la trésorerie à travers l’activité productive, il ne suffit pas pour savoir si l’entreprise est financièrement solide.
3/La solidité financière
Une entreprise, même si elle gagne de l’argent en produisant, peut se trouver en situation de ne plus pouvoir payer ses créanciers, si la charge de la dette dépasse ce que sa trésorerie lui permet de payer (2)
Une attention particulière doit donc être portée à la dette nette de l’entreprise.
S’endetter pour produire peut être un bon choix de gestion : la rémunération de l’argent emprunté (intérêts versés) peut même s’avérer moins coûteuse que de faire appel aux actionnaires auxquels il faudra verser des dividendes ; c’est le cas, comme en 2020, lorsque les taux d’intérêts étaient encore bas.
Mais l’entreprise ne doit pas perdre de vue :
- sa capacité à faire face aux échéances de cette dette, en prenant en compte le cas échéant les fluctuations des monnaies dans lesquelles sa dette est libellée;
- sa capacité à supporter la charge de l’ensemble de sa dette (intérêts à verser) (3).
En conséquence, l’étude de la situation de l’entreprise portera aussi sur :
- le ratio dette nette/fonds propres, qui mesure la dépendance financière, et surtout son évolution, qui peut être positive ou négative en fonction de celle du résultat d’exploitation, d’acquisitions ou de cessions (filiales, investissements)
- le ratio dette nette/résultat d’exploitation, qui indique le nombre d’années nécessaires, en théorie, pour rembourser la dette avec ce que l’entreprise a gagné lors de l’exercice considéré
- les « covenants » qui sont des engagements de l’entreprise à rembourser immédiatement certains de ses prêteurs si un ratio convenu lors du prêt dépasse une certaine valeur (par exemple si la dette nette vient à dépasser 4 fois le résultat d’exploitation) ; l’entreprise peut dès lors se retrouver brutalement dans une situation financière critique. Ces covenants ne sont pas rares dans le cas d’entreprises lourdement endettées, certains prêteurs souhaitant être immédiatement remboursés en cas de dégradation des résultats.
Si la solidité financière est essentielle pour garantir la survie de l’entreprise, elle ne suffit pas pour permettre son développement. Celui-ci dépend de la capacité financière.
4/La capacité financière
L’entreprise doit disposer de la trésorerie nécessaire pour assurer son développement tout en rémunérant ses actionnaires. Sauf éventuellement en phase de démarrage, les ressources doivent provenir principalement du résultat des activités de production, au risque en cas d’endettement excessif de mettre en péril sa solidité financière.
La mesure de sa capacité financière, correspondant aux ressources dégagées par l’exploitation, est le cash flow, ou marge brute d’autofinancement (MBA). Somme du résultat net (4). des dotations aux amortissements et aux provisions, il permet d’investir, de rembourser les emprunts contractés et de rémunérer le capital.
Sa progression ou sa diminution reflète l’amélioration, ou au contraire la détérioration, de la capacité financière de l’entreprise.
Pour savoir dans quelle mesure l’entreprise autofinance ses investissements, on retranchera le montant des dividendes de la marge brute d’autofinancement pour obtenir la marge nette d’autofinancement, que l’on comparera aux investissements.
5/La performance boursière
L’investisseur dans une société cotée a intérêt à en étudier les performances avant d’acheter des actions, puis à suivre les résultats tant qu’il conserve celles-ci. Cela sera de nature à faciliter le cas échéant sa décision d’en revendre tout ou partie sur la base de critères objectifs.
Mais il a aussi besoin de se faire une idée sur le prix que constitue le cours de bourse.
Pour cela il utilisera un outil de comparaison des prix, le ratio cours/bénéfice net, souvent appelé « Price earning ratio (PER) ». Celui-ci permet d’utiles comparaisons entre plusieurs entreprises, sans toutefois oublier que deux entreprises ne sont jamais totalement similaires (5). Deux PER ne diffèrent jamais durablement sans raisons.
Des études sont fréquemment publiées avec le calcul du PER des sociétés entrant dans la composition d’un indice, notamment le CAC 40, ainsi que du PER moyen pondéré de l’indice. Cette intéressante information ne signifie pas que les actions ayant un PER supérieur à la moyenne sont trop chères ou que les cours des actions ayant un PER inférieur à la moyenne sont sous-valorisées et vont remonter. Cette situation reflète l’appréciation du marché sur les perspectives de résultat. Sauf retournement des perspectives, les sociétés « chères » le resteront vraisemblablement. Les cours des sociétés à PER faible ne remonteront davantage que la moyenne que si les perspectives s’améliorent…et en cas de dégradation inattendue des résultats ils pourront même s’effondrer.
La comparaison des bénéfices plutôt que des dividendes se justifie par le fait que les entreprises n’ont pas toutes la même stratégie de distribution de dividendes, soit que certaines aient besoin de reconstituer leur trésorerie et leur marge nette d’autofinancement après des exercices difficiles, soit qu’elles choisissent d’investir fortement, quitte à rémunérer faiblement leurs actionnaires.
On complètera l’observation de l’attitude des investisseurs à l’égard d’une société en comparant sa capitalisation boursière (cours de l’action multiplié par le nombre d’actions), publiée quotidiennement, et le montant de ses fonds propres. Plus le rapport est durablement supérieur à 1, plus le marché anticipe une croissance des résultats et la création de valeur. Un rapport inférieur à 1 – surtout s’il a tendance à baisser davantage – reflète le pessimisme du marché suite à des informations inquiétantes ou à des analyses laissant présager une possible perte de valeur.
L’actionnaire à la recherche de revenus s’intéressera également au taux de rendement de l’action, c’est-à-dire au ratio dividende/cours de l’action, exprimé en pourcentage. Cela est surtout important au moment de la décision d’investir, car ensuite le rendement réel pour l’investisseur sera à calculer par rapport au prix qu’il a payé lors de l’achat (dividende de l’année/cours + frais lors de l’achat).
Si le PER et le taux de rendement figurent dans la presse et sur les sites des sociétés, il appartient à l’actionnaire de calculer régulièrement son taux de rendement réel à partir du montant du dividende (largement publié) et de l’avis d’opéré lors de son achat.
Attention !
Un rendement momentanément élevé n’est pas forcément un signe de bonne santé de l’entreprise. Il peut être le prix à payer pour conserver ou séduire des actionnaires malgré une situation ou des perspectives décevantes. Si l’entreprise doit ensuite réduire son dividende, le cours risque de s’ajuster à la baisse pour conserver un même taux de rendement !
Inversement une entreprise aux perspectives séduisantes présentera un taux de rendement faible parce que son cours est élevé. Mais l’investisseur peut espérer que la progression future des résultats s’accompagnera de celle du dividende.
Inversement une entreprise aux perspectives séduisantes présentera un taux de rendement faible parce que son cours est élevé. Mais l’investisseur peut espérer que la progression future des résultats s’accompagnera de celle du dividende.
Un rendement momentanément élevé n’est pas forcément un signe de bonne santé de l’entreprise. Il peut être le prix à payer pour conserver ou séduire des actionnaires malgré une situation ou des perspectives décevantes. Si l’entreprise doit ensuite réduire son dividende, le cours risque de s’ajuster à la baisse pour conserver un même taux de rendement !
(1) Pour la compréhension des comptes, on se reportera à la fiche n°19 « Lire un bilan » et à la fiche n°20 « Lire un compte de résultat ».
(2) Voir fiche n°21 « La trésorerie d’une entreprise »
(3) Cette dette a pu s’accumuler et fluctuer au fil des années en fonction d’emprunts qui ont été réalisés à des conditions différentes ainsi que de remboursements ; en période de taux bas, il est fréquent qu’une entreprise cherche à rembourser par anticipation des emprunts anciens et coûteux en intérêts, en réempruntant à des conditions nettement plus favorables. De ce fait, il est intéressant de suivre l’évolution du coût moyen de la dette ainsi que l’étalement dans le temps des échéances.
(4) Voir son calcul fiche n°20 « Lire un compte de résultats »
(5) Voir fiche n°22 « Déterminer la valeur d’une entreprise »